Depuis les années 2000, internet a révolutionné nos vies. Initialement réservé à une élite, son développement s’est démocratisé. Néophytes et geeks se sont alors engouffrés dans la brèche. Sites web et blogs amateurs en tout genre ont proliféré sur la Toile. L’avènement des réseaux sociaux et la diffusion d’outils de conception destinés au grand public ont accentué le phénomène. La communication digitale est devenue la principale force de marketing. « Une image vaut mille mots ». Fidèles à ce précepte, de nombreux entrepreneurs privilégient la charte graphique au détriment des textes qu’ils rédigent eux-mêmes. Mais avec des contenus approximatifs, l’autodidacte ne risque-t-il pas de nuire à sa stratégie de communication digitale ?
Le XXIe siècle, un siècle connecté
Il suffit de déambuler dans les rues pour en être convaincu. Le web s’est imposé comme étant la première source d’information. Nous sommes devenus dépendants de ses services. Plus rapides que Lucky Luke, nous dégainons nos smartphones à la moindre occasion. Pour chercher, choisir ou acheter, nous nous en remettons à ses « sages » suggestions.
Pourquoi lui accordons-nous une telle confiance ? Pour la simple et bonne raison que nous sommes nous-mêmes acteurs de son développement. Nous attribuons des notes. Nous postons des commentaires. Nous évaluons et nous tranchons. Mieux, nous publions.
Pour autant, serions-nous aussi prompts à le consulter s’il nous fallait parcourir des pages et des pages avant d’accéder au contenu approprié ?
Les statistiques parlent d’elles-mêmes. Google, premier moteur de recherche mondial avec 8,5 milliards de demandes par jour et 99 000 requêtes par seconde, affirme qu’en 2024, 90 % des usagers se contentent de cliquer sur un lien de la première page affichée par la SERP et ignorent les suivantes. Pour développer son portefeuille client, il apparait donc comme fondamental d’être correctement référencé. Cet enjeu n’est pas réservé aux grandes entreprises. Grâce à des fonctionnalités telles que la géolocalisation, ce rêve est accessible à tous. Du petit salon de coiffure indépendant à la chaîne de franchisés, tous peuvent prétendre à se hisser dans les premières places de la SERP en fonction de l’intention de recherche de l’internaute.
À ce jour, la Toile héberge près de deux milliards de sites. Il est donc logique que les moteurs de recherche appliquent des filtres de plus en plus restrictifs afin d’écrémer l’information et de recommander des contenus de qualité.
Après une démocratisation forcenée, le web se professionnalise
Contrairement aux idées préconçues, la communication digitale est un domaine complexe en constante évolution. Elle impose au créateur de contenu de faire preuve de compréhension et d’imagination tout en se conformant à des critères techniques bien définis.
Un bon rédacteur web se distingue notamment par :
- Sa capacité de recherche et d’analyse. Il doit en permanence s’adapter à l’activité de son client, à sa personnalité pour cibler les idées, les mots clés et les requêtes qui lui permettront de créer des articles pertinents et engageants.
- Ses qualités rédactionnelles. Elles constituent le cœur de son métier. Il doit être en mesure de produire des textes clairs et structurés. Sa maîtrise de l’orthographe, de la syntaxe et de la typologie doit frôler la perfection.
- Ses facultés de créativité. Seuls des contenus originaux et stimulants lui permettront de se démarquer de la concurrence. Les mots, les images n’ont de sens que s’ils parviennent à captiver l’auditoire.
- Sa connaissance des techniques en SEO et son aptitude à les intégrer avec habileté dans un contenu sans pour autant le dénaturer.
Par ailleurs, il doit comprendre les fondements de la stratégie de marketing afin de pouvoir convertir le lecteur en potentiel client. Concevoir des articles, des fiches produits, ou des communiqués sans objectifs clairement définis est inutile. Par conséquent, il incombe au créateur de contenus numériques :
- de définir le profil type de la clientèle à laquelle s’adressent ses publications ;
- d’inclure ces dernières dans une stratégie de communication globale ;
- de faire profiter à son client de ses capacités d’expertise.
En résumé, le créateur de contenus numériques est un professionnel du web, jouissant d’une grande faculté d’adaptation, de solides compétences techniques et doté d’un esprit curieux et inventif. La question subsiste. Peut-on s’improviser communicant web ?
L’autodidacte, un danger pour la communication digitale
Le web regorge de tutoriels et de cours gratuits. L’optimisation et le référencement naturel sont des sujets largement abordés. Pourquoi ne pas s’y référer ? Après tout, aligner quelques mots n’est pas sorcier. En plus, qui peut me représenter mieux que moi-même ? Ce cheminement de l’esprit semble logique.
Cependant internet nous vend un leurre en nous faisant croire que nous pouvons tout faire grâce à lui. Certains croient même qu’il suffit de soumettre une requête à l’intelligence artificielle pour se prétendre écrivain ou musicien. Pour autant, oseriez-vous démonter le moteur de votre voiture ou remplacer votre toiture sans connaissances spécifiques ?
Les enseignements acquis sur des sites, des blogs ou des forums sont-ils dignes de confiance ? Il faut être réaliste. Quel que soit le domaine, la bonne volonté ne peut pas se substituer au savoir-faire. Certes, l’autodidacte peut bricoler quelques contenus plus ou moins bien construits. Mais pour quel bénéfice ?
Par ailleurs, pour être persuasif, il faut être objectif. L’autodidacte peut-il prendre suffisamment de hauteur pour faire preuve d’un esprit critique ? Pourtant, il est de bonne foi ! Il a la conviction du bien-fondé de son activité, de la qualité de son travail. Cet excès de confiance peut le conduire à enfreindre la première règle : ne jamais rédiger pour soi-même, mais pour les autres.
Il ne suffit pas de maîtriser la langue pour pouvoir rédiger pour le web. Si certains sites truffés de fautes d’orthographe agissent d’emblée comme des repoussoirs, d’autres, plus « propres » ne parviennent malgré tout pas à fédérer les internautes. Il suffit de naviguer sur les sites de certaines librairies pour en prendre conscience. Si les écrits répondent aux normes de qualité littéraires, ils n’en demeurent pas moins ternes et peu enclins à inciter à la vente. S’ils rendent service au lecteur, peut-on les qualifier comme étant des sites de qualité en termes de stratégie marketing ?
Si la capacité d’apprentissage en autodidacte est plus que louable et bénéfique, elle peut cependant générer des points de blocage dans certaines situations. La communication digitale est soumise à une double sentence. Celle des moteurs de recherche et celle des visiteurs. Elle laisse bien peu d’espace à l’amateurisme. Cet état de fait ne dispense pas l’entrepreneur de participer activement à l’élaboration de sa stratégie de communication digitale. Bien au contraire ! Un projet abouti ne saurait exister sans une relation de confiance et une collaboration étroite entre le rédacteur et son commanditaire.
José CHASSET pour Audace Digitale
Image générée à l’aide de Copilot.